Je suis ton père
Je l'avais provoqué toute la soirée. J'avais remis en question chacune de ses menaces de sanctions. Mon ton plus que narquois frôlait de plus en plus l'insolence pure et simple.
On était à un jour de l'adoption.
"Va à la salle de bain, et reviens me voir."
Je m'exécutais, sentant que le ton de sa voix avait changé tout à coup. Mon cœur battait la chamade. Mes moqueries de la soirée se bloquèrent dans ma gorge. J'avais toujours ce poids sur la poitrine. Je pris tout mon temps avant de revenir.
"Ferme la porte."
Il avait pris sa voix la plus calme mais ferme, celle qu'il réservait aux réprimandes. Qu'est-ce que je détestais cela. Je m'attendais donc à un sérieux remontage de bretelles. Mais il parvint à me surprendre.
"Il est temps que je te rappelle que je suis ton père. Et pourquoi je suis ton père. Tu n'as pas arrêté de me provoquer ce soir. Ce ton, je ne le supporte pas. Ce n'est pas digne de toi, ma fille. Je suis ton père et j'attends que tu me parles sur un autre ton. Alors je vais te rappeler pourquoi tu m'as donné autorité sur toi."
L'angoisse monta tout d'un coup à ses mots. "Je suis ton père." Je n'avais plus envie de le provoquer. Plus envie de le remettre en question. De me moquer du fait qu'il m'avait laissé passer bien des bêtises les jours précédents. Je commençais à comprendre pourquoi... Pourquoi je m'étais comportée comme ça. La boule à la gorge m'enserra davantage.
Il défit mon pantalon, le baissa, puis me déculotta. J'avais tellement honte de me retrouver dans une telle situation pour m'être moquée de lui. Il me pencha au-dessus de son genoux gauche, et posa sa jambe droite sur mes jambes. Je commençais à craindre la grosse fessée et à paniquer un peu.
Elle fut stricte mais plus humiliante que douloureuse finalement. Les claques pleuvaient mais je parvenais à me retenir de bouger alors que souvent je n'y parvenais pas, ses mains étant de véritables battoirs. Je mordis néanmoins la couverture pour éviter de laisser échapper un gémissement. La tension montait de plus en plus en mois. Et puis soudain, elle explosa.
Je me mis à respirer bruyamment comme si j'allais pleurer. Les larmes ne voulaient pas sortir, ou presque pas. Elles ne sortiraient que le lendemain, après la visite chez le notaire, mais je l'ignorais encore. Il s'arrêta. Me prit dans ses bras.
"Pardon papa ! Pleurnichai-je.
- Chut... C'est fini maintenant.
- C'est juste que... J'ai tellement peur.. '
- Tu veux m'en parler ?
- J'ai peur que tout ça ne soit qu'un mensonge."
Il me berça, affecté par ce que je lui confiais.
"Je voulais juste... Je ne voulais pas mal te parler. Je voulais juste vérifier que tu étais toujours là."
C'était à présent clair dans mon esprit. J'avais provoqué ainsi parce que je ne le croyais pas vraiment quand il m'assurait que le lundi, nous irions chez le notaire pour mon adoption. Comme si c'était une blague. Comme si tout allait s'arrêter.
"C'est réel. Je ne te lâcherai pas. Demain nous irons chez le notaire et tu deviendras ma fille. Tu es déjà ma fille ! Tu n'as pas à t'inquiéter. Je ne suis pas comme tous ceux que tu as connus. Je suis là. Je ne te lâcherai pas."
Et tu me le répétais, encore et encore, tandis que ma respiration s'apaisait peu à peu, assise les fesses rougies sur tes genoux, ma tête au creux de ton épaule. J'avais exprimé mon angoisse, et tu avais réagi de la manière adéquate, en me montrant que tu étais bien là, prêt à me tenir, à retenir chaque morceau de moi-même pour ne pas que je vole en éclats.
J'avais trouvé mon papa.
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