Je suis l'eau terrible
Car il est des rencontres qui nous hantent par leur violence, le malheur qu'elles ont engendré. Car parfois elles reviennent nous hanter dix ans après. Car il y a des monstres, et qu'il faut les dénoncer. Pour ne pas leur permettre de recommencer.
J'avais 21 ans. Tu m'as possédée, dépossédée, aimée et manipulée, trahie.
J'ai subi, je me suis laissée porter. A moment j'ai même pensé que j'avais trouvé un daddy pour la vie.
Puis ton corps qui pénètre le mien, le dégoût du mien, le dégoût du tien.
Le doute sur tes intentions n'était plus permis.
Elle. Qui n'aurait pas dû être là. Que je m'en voulais de la faire souffrir. Mais tu me baratinais à son sujet, quitte à me faire croire qu'elle n'était pas là alors que je la voyais de mes yeux.
Les moments tendres que vous passiez devant mes yeux ébahis.
Tes tremblements le matin, jusqu'à la bière qui les calmait.
Dormir dans la chambre de ton fils pendant qu'elle dort avec toi.
Puis on échange. Je dors avec toi, elle dans la pièce à côté.
Dormir dans un lit aux draps marrons à une place qui n'est pas la mienne. M'en vouloir, à en vomir. Vouloir m'endormir à tout jamais.
M'enfuir. Tituber. Courir. Chercher de l'aide, avoir froid. Faim.
Les urgences. L'angoisse et l'humiliation à raconter ce que tu m'avais fait. L'accueil bienveillant des soignants. La chambre angoissante mais propre et protégée. Les gens que j'y ai croisés, tour à tour dangers ou soutiens.
Et puis tu es venu me chercher. Nos cris. Dans la voiture tu as mis tes mains autour de mon cou et tu as serré, secoué.
Mes larmes. "TUE MOI !" T'ai-je crié.
L'arrêt du RER où tu m'as abandonné. Mes jambes qui sous moi se sont dérobées. Mes sacs abandonnés autour de moi. Les passants qui m'ont entourée. Les pompiers. Retour à l'hôpital. J'ai tout raconté à tes collègues. Puis j'ai demandé à rentrer chez moi.
Ne plus te voir, plus jamais.
Quitter cette ville maudite et me reconstruire ailleurs. Victoire.
Tu as cherché à me recontacter. Plusieurs fois. Je t'ai bloqué. Puis deux fois ces derniers mois. Pour nos dix ans de malheur. Dix ans pendant lesquels je t'avais oublié. Mais pas toi.
Le dégoût de te voir m'adresser la parole à nouveau.
Les mensonges que tu as débités.
L'agressivité que tu as montrée.
Je t'ai bloqué.
Tu m'as poursuivie. Recontactée.
Mon refus, tu ne l'as jamais respecté.
Les tentatives de me reposséder.
Puis les agressions face à mon refus. A nouveau. Encore et encore. Ton seul mode de communication.
Puis le silence. Tu as été bloqué par mon daddy qui m'a protégée.
Ce lien que tu as cherché à maintenir est maintenant rompu. Plus jamais je ne te parlerai. Tu n'auras aucune prise sur moi. Je suis l'eau, l'eau qui coule entre tes doigts et que tu ne peux posséder. Je suis l'eau terrible qui emporte et qui noie.
Contre toi je me battrai si tu reviens me hanter. Contre toi je vaincrai.
Plus jamais tu ne pourras m'atteindre. Plus jamais.
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